De Woodrow Wilson à Barack Obama

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A - La puissance américaine de 1918 à 1945 : de la sphère régionale aux horizons planétaires

« La règle de conduite que nous devons nous appliquer le plus à suivre à l’égard des nations étrangères est d’étendre nos relations de commerce avec elles, et de n’avoir que le moins de relations politiques qu’il sera possible.» George Washington,1796.
Au 19ème siècle, les États-Unis focalisent leur politique sur leur territoire et sur le continent américain. C’est l’application de la doctrine Monroe de l’isolationnisme (1823). Le rayonnement mondial des États-Unis s’exprime alors à travers leur attractivité pour les immigrants européens.

1. La Première Guerre mondiale
Le conflit qui éclate en Europe en août 1914 est regardé de loin par les Américains. Mais avec l’utilisation de l’arme commerciale par l’Allemagne (blocus, puis guerre sous-marine), le principe de neutralité proclamé par le président Woodrow Wilson n’est plus garanti et les intérêts économiques américains sont menacés.
Toutefois la neutralité et le pacifisme américains sont les facteurs de la réélection de W. Wilson en 1916. D’ailleurs, les Américains en paix engrangent d’importants profits en prêtant aux Alliés mais aussi aux Allemands.
Des raisons morales vont contribuer à l’entrée en guerre des États-Unis :
Le projet de W. Wilson de construire un monde en paix fondé sur la liberté et la démocratie emporte l’adhésion du Congrès le 2 avril 1917. Le président américain, constatant que la neutralité n’est plus possible quand il y va de la paix du monde et de la liberté des peuples, demande des mesures pour entrer en guerre contre l'Allemagne.
Le 6 avril 1917, le Congrès vote la guerre et le premier corps expéditionnaire débarque en France en juin 1917.
L’effort consenti est remarquable, que cela soit sur le front, ou à l’arrière (mobilisation de l’appareil de production promu par une active propagande et une paix sociale qui amoindrissent les oppositions à la guerre).
Le 8 janvier 1918, alors que son pays est en guerre depuis 9 mois, le président W. Wilson prononce au Congrès un discours donnant une liste des 14 points nécessaires à l’obtention de la paix, un texte qui présente une vision idéaliste des relations internationales :
" Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible …. Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu où tous puissent vivre en sécurité,… un lieu sûr pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée à la violence et aux agressions égoïstes de jadis… C’est donc le programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant : "
1. Fin de la diplomatie secrète.
2. Liberté de navigation sur les mers.
3. Suppression des barrières économiques et égalité commerciale pour toutes les nations.
4. Réduction des armements.
5. Arrangement sur les questions coloniales en tenant compte des intérêts des populations concernées.
6. Évacuation de la Russie et possibilité pour les Russes de choisir librement leur gouvernement.
7. Évacuation et restauration de la Belgique.
8. Libération du territoire français et retour de l'Alsace-Lorraine à la France.
9. Le rétablissement de la frontière italienne.
10. Autonomie des peuples d’Autriche-Hongrie.
11. Évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. Libre accès à la mer pour la Serbie.
12. Autonomie des peuples non turcs de l'empire ottoman. Liberté de passage dans les détroits vers la mer Noire.
13. Création d'une Pologne indépendante avec accès à la mer.
14. Création d'une Société des Nations.
Ce texte constitue la base de la négociation de paix une fois l’armistice signé, sous pression des Américains, le 11 novembre 1918.
W. Wilson s’y impose comme l’arbitre incontournable du règlement de la guerre. Les Alliés sont à la recherche d’un texte punitif de l’Allemagne mais sont désormais les débiteurs des États-Unis. Le texte qui met en avant le droit des peuples à disposer d’eux même est bien reçu par les peuples européens ou moyen-orientaux auprès desquels le président américain est très populaire. Les décisions prises aux conférences de Versailles et de Saint-Germain en Laye et parfois imposées aux Européens par les Américains témoignent de l’influence américaine : la renaissance de la Pologne, l’éclatement de l’Autriche-Hongrie et la création de la Yougoslavie, le mandat international sur les colonies allemandes, et bien sûr, la création de la Société des Nations.
Certes, il a fallu faire des concessions à ces Européens qui ont vu en Wilson un président idéaliste et la SDN, une organisation inutile. Certaines ont porté les germes des conflits futurs : des zones contestées subsistent, de nombreuses nationalités n’ont pas obtenu l’autodétermination, les réparations et prétentions françaises sur la Sarre ont été imposées, la Russie en guerre civile n’a pas participé au règlement de la paix. En outre, le Sénat américain refuse de ratifier le traité, l’opinion étant pressée d’en finir avec la guerre et ayant été laissée à l’écart des débats européens. L’Europe reste encore le centre du concert des nations.
Mais les États-Unis ont, à travers le wilsonisme, joué pour la première fois un rôle majeur dans les relations internationales mondiales, en tant qu’inspirateurs et arbitres, et se sentent  investis d’une mission de résolution des conflits internationaux.

2. L’entre-deux-guerres : la fin du wilsonisme
La « diplomatie du dollar »
Les États-Unis rejettent tout engagement international lourd. Ils limitent l’arrivée d’Européens ce qui leur permet d’interdire l’entrée de possibles activistes anarchistes, communistes ou agitateurs.
Washington change de méthodes, donnant la faveur à l’économique sur le politique et pratiquant la « diplomatie du dollar ».
À partir de 1924, les Plans Dawes et Young, associant gouvernement fédéral et banques américaines, organisent le système suivant : ils prêtent de l’argent aux pays européens et particulièrement aux Allemands, ce qui permet à ces derniers de s’acquitter de leurs réparations, et donc aux Alliés, de rembourser leurs dettes américaines.
Pendant la Grande Dépression des années Trente, le repli sur l’intérieur est plus manifeste. On ne réfléchit pas, par exemple, à une solution internationale à la crise.
L’idée que la participation à la Grande Guerre a été une erreur est répandue chez plus d’un tiers des Américains. Alors que Franklin Roosevelt, le président américain des années 1930, pratique une politique de « bon voisinage » avec les peuples d’Amérique latine, des lois de neutralité sont votées :
• en 1935 : interdiction d’envoyer des armes à un belligéran
• en 1936 : interdiction de prêter à un belligéran
• en 1937 : les belligérants souhaitant acheter des armes aux États-Unis doivent payer et emporter leurs acquisitions (Cash and Carry)
Franklin Roosevelt s’implique davantage dans la politique étrangère, allant à l’encontre de la majorité de l’opinion publique américaine. Il prête des armes à la Chine (août 1937), alors en guerre contre le Japon. En octobre 1937, il propose une « mise en quarantaine économique et diplomatique des États qui auraient bafoué la paix » et cherche à introduire la morale dans les relations internationales : il se rapproche en cela de l’internationalisme wilsonien.
La position américaine au début de la Seconde Guerre mondiale
Inquiet devant la montée des tensions, Franklin Roosevelt condamne officiellement l’invasion de la Tchécoslovaquie et de l’Albanie par le régime nazi (1939), et au lendemain de l’invasion de la Pologne, fait lever l’embargo sur les armes. Mais ce sont la rapide défaite française (mai-juin 1940) puis la bataille d’Angleterre (juillet-octobre 1940) qui provoquent un choc dans l’opinion publique américaine et qui conduisent au réarmement.
Les États-Unis ne sont pas encore en guerre, mais déjà mettent en place des structures organisant une production de guerre. La loi du 11 mars 1941 permet aux États-Unis de prêter ou vendre du matériel militaire à tout pays dont la défense semble vitale pour les intérêts des États-Unis :
Royaume-Uni et empire britannique = 31 milliards de $
URSS = 11 milliards de $
France libre = 3 milliards de $
Chine = 1.5 milliards de $
Pour la communauté internationale, les États-Unis sont devenus avec cette loi « l’arsenal des démocraties », expression valable pour le Royaume-Uni et la France Libre, mais contestable pour l’URSS ou la Chine, qui ne sont pas des démocraties.

3. Les États-Unis dans la guerre totale
L’entrée en guerre des États-Unis
L’événement qui déclenche l’entrée en guerre de Washington est l’attaque surprise de Pearl Harbour (Hawaï) par les Japonais le 7 décembre 1941. Ce port abrite alors une grande partie de la flotte américaine. Les dégâts sont considérables. Depuis l’invasion de la Chine par les Japonais en 1937, les relations américano-nipponnes étaient fragiles, mais Washington s’était contenté de condamnations officielles et les échanges commerciaux s’étaient poursuivis. Néanmoins, la sphère de coprospérité que l’Empire du Soleil Levant souhaitait construire en Asie-Pacifique était un sujet de discorde aigu. L’attaque de Pearl Harbour et la déclaration de guerre allemande et italienne (alliés du Japon) marquent la fin de l’isolationnisme américain.
La mobilisation et l’effort de guerre américain
Au nom de la démocratie et de l’union dans la lutte contre le fascisme, les États-Unis organisent alors la mobilisation. La productivité industrielle est accrue, tandis que s’élabore un gigantesque complexe militaro-industriel. Les femmes jouent un rôle important dans la nouvelle main-d’œuvre ainsi, elles représentent 36 % de la main-d’œuvre civile pendant la guerre.

Rosie la riveteuse est une allégorie féminine des ouvrières de l’armement aux États-Unis.

Les États-Unis deviennent l’usine du monde et le chômage disparaît.
L’effort est aussi financier : au pays du libéralisme, à côté de l’emprunt à la population, l’impôt sur le revenu est généralisé, une taxe de la victoire est instituée, l’impôt sur les entreprises est alourdi et les superprofits sont taxés à 90 %.
L’allongement de la durée du service militaire et la hausse des engagements volontaires (360 000 femmes s’engagent dans l’armée américaine) aboutissent à la mobilisation de 15 millions de GI’s.
Il faut se battre sur deux fronts , en Europe et en Asie : Le front Atlantique (l’Europe) est prioritaire en terme d’investissements humains et matériels jusqu’en 1944. Sont menées, l’Opération Torch en Afrique du Nord (novembre 1942), qui aboutit à la libération progressive du Maghreb puis du Sud de l’Italie (septembre 1943), et l’Opération Overlord (juin 1944) ou débarquement en Normandie qui permet la reconquête de la France et de l’Europe de l’Ouest. Dans le Pacifique, on compte jusqu’à quatre zones d’affrontement : en Chine, en Birmanie, dans le Pacifique central, et dans le Pacifique Sud. Le territoire japonais est encerclé et bombardé dès l’automne 1944, tandis que Roosevelt a obtenu des Soviétiques leur intervention contre l’archipel (Yalta, février 1945) ; mais face aux kamikazes qui tuent jusqu’à 5000 Marines, et à la résistance du peuple japonais, seules les bombes atomiques (fruits du Projet Manhattan), lancées sur Hiroshima et Nagasaki, aboutissent à la capitulation sans condition du Japon, le 2 septembre 1945.
Pour les Américains, il ne s’agit pas à proprement parler d’une guerre totale : le sol américain n’est pas menacé, il n’y a pas de rationnement, la pression militaire et la propagande restent limités, et la prospérité est de retour grâce à la participation au conflit. La mobilisation économique et humaine repose sur un élan patriotique, largement alimenté par le gouvernement. Chansons, bande-dessinée (Captain America), radio et cinéma soutiennent l’effort national. Des dérives ont lieu vis-à-vis des possibles ennemis de l’intérieur (en particulier les immigrés japonais, victimes du déchaînement de la presse, de confiscation de leurs biens, et d’emprisonnement dans les camps).
Le bilan du conflit s’élève à 400 000 morts et 670 000 blessés, soit moins de victimes que la Guerre de Sécession, et surtout, un tribut bien moins lourd que les autres belligérants.

B - De 1945 aux années 1990 : les États-Unis, défenseurs du « monde libre » et de leurs intérêts
1. Les outils de la puissance américaine
Les États-Unis ont été propulsés dans la Seconde Guerre mondiale par l’attaque japonaise de décembre 1941. Ils se sont engagés avec force, bien que tardivement, dans une mobilisation économique inédite, prise en mains par l’État. En 1945, les États-Unis sont ainsi devenus une puissance inégalable et disposent de moyens pour imposer à leurs alliés leur conception du futur ordre international.
Des alliances qui donnent un poids prépondérant à la diplomatie américaine
En février 1945 (conférence de Yalta) puis pendant l’été (conférence de Potsdam), les États-Unis ont négocié avec les Soviétiques l’organisation du monde de l’après-guerre.
Les États-Unis abritent à New-York le siège de l’ONU, créée en juin 1945.
Les États-Unis s’engagent également en signant des traités d’alliance sur tous les continents. Le 30 avril 1948, une alliance politique et diplomatique est signée entre tous les États du continent américain (OEA).
En avril 1949, les États-Unis s’engagent comme leader de l’organisation du traité de l’Atlantique (OTAN) en proposant une alliance militaire au Canada, au Danemark, à l’Islande, à l’Italie, à la Norvège et au Portugal.
En 1951, ils étendent ensuite leur influence à l’Asie en signant une autre alliance militaire, l’ANZUS, avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. D’autres alliances militaires sont signées : un accord militaire avec le Pakistan (mai 1954), avec Taïwan (décembre 1954), avec les pays d’Asie du Sud-Est (OTASE) en septembre 1954.
En 1947, avec la création du Conseil de Sécurité nationale (NSC) et de la Central Intelligence Agency (CIA), les États-Unis rompent définitivement avec la politique isolationniste.
La loi fédérale américaine, National Security Act, signée par le président Harry Truman en juillet 1947 entérine ces changements majeurs.
Une puissance économique et culturelle sans égale
Après l’entrée en guerre des États-Unis contre les puissances de l’Axe (Japon-Allemagne-Italie), les États-Unis s’engagent dans une mobilisation économique inédite, prise en mains par l’État. En 1945, la production et la consommation américaines représentent d’ailleurs la moitié des ressources disponibles dans le monde.
Ce sont aussi les produits américains qui inondent l’Europe, surtout après la signature en 1947 par seize États du Plan Marshall, prêts et dons d’argent accordés aux Européens pour reconstruire leurs économies après la guerre.
Les Américains créent une zone de libre-échange mondiale à travers une organisation internationale : le GATT (1947).
Les États-Unis imposent leur vision du libéralisme au reste du monde. On entre dans une période d’essor des échanges internationaux qui accompagne la prospérité; les États-Unis sont alors un des pôles du commerce mondial, avec l’Europe et le Japon, et les multinationales américaines investissent partout. En 1971, les investissements à l’étranger sont pour moitié américains.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les soldats américains incarnent le prestige guerrier et libérateur autant que l’abondance matérielle en distribuant cigarettes et chocolat à des populations ayant souffert de la faim et du rationnement.
Les Américains développent d’autres modes d’influence, comme à travers la diffusion du mode de vie américain : les marques américaines inondent les marchés européens ou japonais, contribuant à diffuser le modèle américain. Le prestige culturel de l’Oncle Sam permet de faire connaître l’American Way of Life et la société de consommation des années 50-60. Les Accords Blum-Byrnes (Soft power) en 1946 par exemple, autorisent à nouveau l’entrée des produits cinématographiques américains en France en échange de liquidation d’une partie de la dette française envers les États-Unis.
La contestation de l’influence américaine
Si à l’Est, l’opposition aux États-Unis est très nette, la présence des Américains dans les sociétés des pays d’Europe de l’Ouest, n’est pas sans provoquer des remous : des vagues d’antiaméricanisme se forment, qui critiquent l’influence politique ou culturelle que les Américains cherchent à exercer, officiellement ou par leurs services secrets. Toutefois, jusqu’à la seconde moitié des années 1960, cette résistance à l’influence américaine reste très limitée, témoignant du poids important de la puissance américaine dans le monde.

2. Les interventions américaines au nom de la démocratie et de la liberté
Le président JF Kennedy disait le 20 janvier 1961, lors du discours inaugurant son mandat : « Que chaque nation, qu’elle nous veuille du bien ou du mal, sache que nous payerons n’importe quel prix, nous ferons n’importe quel sacrifice, nous supporterons n’importe quelle épreuve, nous appuierons n’importe quel ami et nous nous opposerons à n’importe quel adversaire pour assurer la survivance et la victoire de la liberté ». Il reprend ainsi l’idée selon laquelle les États-Unis sont une nation dotée d’un gouvernement parfait. C’est cette prétention à l’universalité qui explique, en partie, l’antagonisme progressif avec l’URSS à partir de 1947.
La doctrine Truman et la théorie de l’endiguement
Devant la progression soviétique en Europe de l’Est malgré les engagements pris à Yalta, (contrôle des élections, mise en place des régimes pro-communistes) les autres membres de la Grande Alliance apparaissent aux yeux de Washington comme incapables d’exercer un rôle de gendarme. La politique étrangère américaine prend un nouveau tournant. À la vigilance, se substitue à partir de mars 1947 un dispositif de sécurité inauguré par la doctrine du Président Truman. Dans son discours prononcé devant le Congrès il demande une aide destinée à la Grèce et la Turquie pour empêcher un gouvernement communiste de s’installer dans ces deux pays. La stratégie a pour objectif d’empêcher la propagation du communisme. Elle se nomme l’endiguement ou « Containment » en anglais.
L’interventionnisme américain : l’exemple de la guerre de Corée
La péninsule coréenne située en Asie est occupée par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1948, deux États indépendants sont créés de part et d’autre du 38ème parallèle : la Corée du Nord (communiste et soutenue par l’URSS de Staline) et la République de Corée au sud qui adopte le modèle américain capitaliste et démocrate.
Dans la nuit du 25 juin 1950, 200 000 soldats nord-coréens envahissent la Corée du sud. Le 27 juin, avec l’accord du conseil de Sécurité de l’ONU, le président H. Truman annonce le soutien militaire des États-Unis au gouvernement sud-coréen. Les forces de l’ONU débarquent le 4 juillet 1950 et subissent d’importants revers. La guerre dure trois ans et provoque la lassitude du peuple américain. L’armistice (juillet 1953) proclame un statu quo qui maintient deux Corées. La Corée du Sud fait désormais partie de la sphère d’influence des États-Unis, qui sont apparus une fois de plus comme les défenseurs des peuples opprimés.
Les limites de la stratégie américaine
En 1956, au Guatemala, en Amérique centrale, le gouvernement lance une réforme agraire menaçant les intérêts économiques américains. La CIA intervient et renverse les représentants du pouvoir démocratiquement élu. Reprenant la doctrine Monroe : « Aux Européens, le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde », les États-Unis annoncent que tout pays d’Amérique latine établissant des liens avec l’URSS sera passible d’une intervention états-unienne. Cette menace est à nouveau mise à exécution en 1961. Deux ans après l’arrivée au pouvoir d’un régime communiste sur l’ile de Cuba, la CIA soutient un débarquement sur l’île pour rétablir l’ancien dictateur pro-américain, mais elle échoue. Recherchant une protection contre son puissant voisin, Fidel Castro se tourne vers Moscou qui installe des rampes de lancement de missiles : dirigés contre les villes américaines, ils sont une provocation et une menace pour la sécurité américaine. En 1962, on frôle la guerre généralisée, le risque de destruction mutuelle est évité par le recul soviétique.

3. Des années 1960 aux années 1990 - Un unique objectif : gagner la Guerre froide
Le traumatisme de la guerre du Vietnam
Depuis les accords de Genève en 1954, le Vietnam est indépendant et temporairement divisé en deux États sur le 17ème parallèle.
Le Nord-Vietnam est dirigé par un leader communiste, Ho Chi Minh, et le Sud-Vietnam est gouverné par Ngo Dinh Diem.
Des élections doivent avoir lieu, au sud, en 1956, mais le gouvernement, soutenu par les Américains, craint une victoire communiste. En effet, des soldats communistes, appelés Vietcongs venus du Nord-Vietnam mènent une guérilla contre le pouvoir pro-américain.
A partir de novembre 1963, les Vietcongs contrôlent près de 40 % des villages vietnamiens. Les États-Unis décident de s’impliquer militairement dans une volonté de protéger l’indépendance des Vietnamiens et surtout de garder le Sud du Vietnam hors du bloc communiste.
La décision de bombarder massivement le Nord du Vietnam est prise en 1964.
Aux États-Unis, l’opinion publique exerce une forte pression sur le gouvernement en faveur d’un retrait du Vietnam ; l’utilisation des armes chimiques (agent orange, napalm), les massacres de populations civiles scandalisent le monde, tandis que le bilan américain s’alourdit.
Le nouveau président, Richard Nixon (élu en 1969) met en place la vietnamisation du conflit. Le Sud Vietnam, réarmé et entraîné par les Américains, est chargé d’assurer sa propre défense et les Américains retirent progressivement leurs troupes. La pression est forte, aux États-Unis comme dans le monde, pour un retrait immédiat. Le cessez-le-feu a lieu en 1973, marqué par le retrait total des troupes américaines.
Néanmoins, deux ans plus tard, le gouvernement de Saïgon disparaît et le Vietnam est réunifié au profit du nord communiste. Ce moment devient le symbole de l’échec de la politique américaine de l’endiguement.
La guerre du Vietnam a suscité aux États-Unis et en Europe une vague de critiques à l’origine d’une contre-culture, comme le mouvement peace and love.
Première guerre intégralement couverte par la télévision et par la presse photographique, elle est devenue rapidement impopulaire dans le pays, surtout à partir de 1964, suscitant le rejet avec l’enlisement du conflit et son bilan humain extrêmement lourd.
La mise en place de la « détente » et de la « realpolitik »
Au lendemain de la crise de Cuba (1963), John Fitzgerald Kennedy affirme que les deux superpuissances « ont un profond intérêt commun dans une paix juste et authentique, et dans l’arrêt de la course aux armements ». Débute alors une ère de détente, c’est-à-dire de relâchement des tensions, dans lequel la mise en place du téléphone rouge entre le Kremlin et la Maison Blanche a valeur de symbole (1963).
Ainsi dès 1969, le président américain Richard Nixon mentionne dans le discours inaugural de sa présidence que la Chine, pays communiste depuis 1949, et les États-Unis entraient dans une ère de négociation. Le président et son conseiller Henry Kissinger estiment qu’il était dans l’intérêt national américain de débuter une relation diplomatique avec la Chine.
Le président R. Nixon se rend en Chine, en février 1972, pour rencontrer le président Mao Zedong et signe le communiqué de Shanghai qui améliore les relations sino-américaines.
Pour les Américains, la « détente » est une nouvelle stratégie. Elle correspond à une adaptation de leur politique étrangère à une situation qui a changé, surtout depuis la défaite lors de la Guerre du Vietnam. En 1973, le Pentagone annonce son abandon officiel de la « Doctrine Truman ».
L’avènement au pouvoir du président Jimmy Carter, en 1976, correspond à une rupture dans la politique étrangère américaine.
Le nouveau président est hostile aux armes et est un défenseur convaincu des droits de l’homme. Il décide ainsi de ne plus soutenir les dictateurs Pinochet au Chili ou Somoza au Nicaragua.
Il continue cependant une politique réaliste (d’où le terme de « real politik ») en poursuivant le rapprochement avec la Chine.
Son action au Proche-Orient lui vaut également un grand prestige : il obtient une paix entre l’Égypte et Israël. Il organise des pourparlers entre les deux des belligérants, qui aboutissent à la signature des accords de Camp David (septembre 1978).
Une politique agressive menant à une nouvelle guerre froide contre l’URSS après 1979
Le successeur de J. Carter, Ronald Reagan adopte une nouvelle position considérant que l’Amérique est en déclin depuis la guerre du Vietnam. Deux évènements de l’année 1979 confirment son ressenti :
► En Iran, une révolution religieuse chasse du pouvoir le Shah (souverain du pays soutenu par les États-Unis depuis 1953). Le 4 novembre 1979, des étudiants iraniens franchissent l’enceinte de l’ambassade américaine à Téhéran et prennent en otage soixante-trois diplomates. Le nouveau dirigeant du pays, l’ayatollah Khomeini défie les États-Unis qu’il désigne comme le « Grand Satan ».
► En Afghanistan, à la suite d’un coup d’État organisé en 1973 par le prince Mohammad Daoud Khan, l’État s’éloigne de plus en plus de Moscou. Pour éviter une perte totale d’influence dans la région, l’URSS décide d’intervenir en plaçant, dès 1978, un régime à ses ordres. Mais une opposition grandissante menace le gouvernement communiste de Kaboul (capitale du pays), ce qui pousse Léonid Brejnev à envahir l’Afghanistan en décembre 1979.
R. Reagan base sa politique internationale, une hybridation entre réalisme et idéalisme, sur le slogan « America is back », l’Amérique est du retour, signifiant ainsi sa volonté de défier ouvertement l’URSS (« l’Empire du Mal »). A son arrivée à la Maison blanche en janvier 1980, il opère un changement officiel de politique étrangère. C’en est fini de la détente, une nouvelle phase de la guerre froide s’ouvre, appelée aussi « guerre fraîche ».
Dans son discours à Orlando le 8 mars 1983 il déclare : « Je crois que le communisme n’est qu’un chapitre supplémentaire, triste et bizarre, de notre Histoire dont les dernières pages sont en train de s’écrire sous nos yeux. »
La lutte contre l’URSS devient ainsi la priorité absolue en politique étrangère des deux mandats de R. Reagan. Les États-Unis accroissent leurs dépenses militaires et R. Reagan lance le projet IDS (Initiative de Défense Stratégique) ou projet Star Wars visant à la mise en place d’un bouclier spatial pouvant détruire n’importe quel missile soviétique en vol, avant qu’ils n’atteignent le sol américain. Le but est de contraindre l’URSS à s’engager dans une nouvelle course aux armements, dont les États-Unis savent qu’elle n’en a pas les moyens financiers et technologiques de poursuivre.
Les années 1980 aboutissent à l’éclatement de l’URSS en 1991. Les États-Unis sortent vainqueurs de la guerre froide car leur concurrent s’est effondré. Les Américains apparaissent comme une puissance, incontestée et universelle. Ils peuvent alors reprendre leur rôle de défenseur des libertés.

C - De 1991 à nos jours : les États-Unis, gendarme du monde ?
Avec la disparition de l’URSS, du bloc Est, de ses alliances et donc du monde bipolaire, les États-Unis apparaissent comme les gagnants de la guerre froide. Il n’y a plus qu’une seule superpuissance désormais. La Russie et les États-Unis ne sont plus des ennemis. Dans cette dissolution du bloc communiste, les Américains n’ont joué qu’un rôle d’accélérateur en épuisant l’URSS dans la course aux armements.

1. Les outils d’une forme de puissance
Malgré la fin de la guerre froide, les États-Unis dépensent toujours la moitié des budgets militaires du monde. Mais durant les années 1990, la puissance militaire repose plus sur des armes nucléaires que sur des armes sophistiqués.
Parallèlement à cela, les États-Unis renforcent leurs alliances diplomatiques, en élargissant l’OTAN auprès des anciens pays du bloc soviétique, tout en ménageant la Russie. Pour cela, à partir de 1994, est créé le Partenariat Pour la Paix (PPP), accords bilatéraux entre un État et l’OTAN qui permet d’accéder progressivement à une adhésion à l’OTAN.
La puissance militaire et économique sont deux exemples de « hard power » (Incitation et menace) dont il est possible d’user pour amener les autres acteurs à modifier leur position. Mais il existe aussi une manière indirecte d’exercer sa puissance : la puissance culturelle ou « soft power ». Il s’agit de convaincre plutôt que de contraindre.
À la fin de la guerre froide, la supériorité économique américaine est toujours assurée. Les États-Unis répandent le libéralisme dans le monde en favorisant la poursuite d’une réduction des barrières douanières. La création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui succède au GATT en 1994, est au cœur de cette politique. Depuis 1989, l’APEC (coopération économique pour l’Asie-Pacifique) réunit 21 pays du continent asiatique et américain afin d’améliorer leur croissance économique. En 1992, est signé un accord donnant naissance à une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. L’Accord de Libre-Echange Nord Américain (ALENA) entre en vigueur en 1994.
La puissance américaine dans le monde s’évalue également de plus en plus à la part des hautes technologies utilisées dans la production industrielle. Enfin, les États-Unis continuent d’exercer leur soft-power au travers de leurs productions filmiques musicales. Les multinationales américaines contribuent à distribuer des produits symboles de l’Amérique : boissons, vêtements et outils technologiques (Microsoft, Apple, etc.).
Refusant l’expression de « gendarme du monde », ils apparaissent comme les artisans d’un « nouvel ordre mondial ».

2. La mise en place d’un nouvel ordre mondial américain ?
George H. W. Bush, (Bush père), est élu président des États-Unis en novembre 1988. Il doit gérer durant son mandat les relations internationales nées de la fin de la guerre froide. Dans un discours prononcé le 6 mars 1991 devant le Congrès des États-Unis, après la victoire américaine sur l’Irak de Saddam Hussein, il proclame : « Maintenant nous pouvons voir venir un nouveau monde. Un monde dans lequel il existe une véritable perspective de nouvel ordre mondial. […] Un monde dans lequel les Nations unies, libérées de l’impasse de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs. » C’est-à-dire la liberté politique et économique.
L’opération tempête du désert : faire respecter le droit international (janvier-février 1991)
En août 1990, l’Irak est condamné par l’ONU après avoir envahi le Koweït.
Les États-Unis estiment que c’est une violation du droit international qui garantit l’indépendance des pays. Ayant refusé de retirer ses troupes du Koweït et donc de céder à l’ultimatum lancé par les Nations Unies, l’Irak subit l’envoi d’un corps expéditionnaire composé des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de la Syrie et d'Israël. Cette opération met fin à l'occupation du Koweït par l'Irak.
Malgré le caractère multilatéral de cette guerre, de nombreuses voix dénoncent une guerre faite au nom des intérêts financiers américains. En effet, le Koweït est un pays riche en pétrole.
Les limites de ce nouvel ordre mondial
Malgré ces interventions au nom de la liberté, les États-Unis continuent à privilégier leurs propres intérêts. Les États-Unis refusent de signer de nombreux traités internationaux.
En 1997, le Congrès refuse de ratifier le protocole de Kyoto, alors que ce sont les Américains qui sont à l’initiative du traité. Ce traité devait limiter les émissions des gaz à effet de serre (GES) dont les États-Unis sont à l’origine (25 % pour 4 % de la population mondiale).
En 1998, lors de la conférence de Rome, de nombreux États signent un texte créant la Cour pénale internationale (CPI), tribunal chargé de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Les États-Unis ont signé le statut de Rome, mais le Congrès ne l’a pas ratifié. Ils établissent des accords bilatéraux avec les États signataires garantissant que les Américains qui seraient amenés à répondre de leurs actes devant la CPI soient rapatriés aux États-Unis.
Hubert Védrine, ministre français des affaires étrangères de 1997 à 2002, estime que le terme de superpuissance ne suffit plus pour décrire les États-Unis, il emploie le terme d’ « hyperpuissance » pour les désigner comme l’unique puissance militaire, politique et économique du monde qui entend faire appliquer des principes de droit et le respect des libertés tout en refusant de ratifier certains traités internationaux. Mais cette hégémonie américaine est mise à mal à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

3. 2001-2017 : la sécurité de l’Amérique d’abord
« L’hyperpuissance » mise à mal
Dans les années 2000, la présence militaire américaine dans un certain nombre de pays est mal perçue par certains acteurs. Ainsi, le réseau Al-Qaïda veut obtenir le départ des troupes américaines qui stationnent à proximité des lieux saints de l’Islam en Arabie saoudite depuis la guerre du Golfe. Ce réseau terroriste est à l’origine d’une série d’attentats frappant le sol américain et bouleversant durablement les relations internationales.
Le mardi 11 septembre 2001, deux avions détournés par des membres d’Al-Qaïda s’écrasent sur les tours du World Trade Center, à New York. Ces gratte-ciel symbolisaient la suprématie économique américaine. Un troisième avion–suicide s’écrase sur le Pentagone, près de Washington, bâtiment qui abrite le commandement militaire américain.
Ces attentats constituent pour la sécurité et la puissance des États-Unis un tournant majeur. Ils donnent une orientation privilégiée à la politique de George W. Bush (le fils de G.H.W. Bush). Atteints pour la première fois de leur histoire sur leur sol, les États-Unis vont se lancer dans la lutte contre le terrorisme, dont l’incarnation est selon eux le réseau islamiste Al-Qaïda et son leader Ben Laden.
L’hyperpuissance américaine est aussi remise en cause dans le domaine économique.
La Chine s’est hissée au rang de premier exportateur mondial devant les États-Unis.
La concurrence de la Chine a exercé une forte pression à la baisse sur les salaires américains dans les emplois manufacturiers et l’afflux des produits d’importations a contribué à appauvrir les bassins d’emplois industriels du pays.
Entre 1992 et 2012, le déficit de la balance commerciale américaine a été multiplié par 17 et s’est accru avec l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001.
La faillite des industries de la région des grands lacs (et notamment de la ville de Détroit spécialisée dans la construction automobile) en est la preuve la plus flagrante.
Une prépondérance économique et financière maintenue
La crise financière de 2008 a amené la banque centrale américaine (Fed) à jouer le rôle de banque centrale mondial. Elle a élaboré un dispositif visant à soutenir la demande par l’attribution de crédits ou de facilités de crédit et à préserver la solvabilité américaine mais surtout à rétablir la stabilité du système bancaire international. Elle a ensuite consenti des prêts d’urgence aux institutions bancaires et financières étrangères en difficulté. Ainsi, durant une crise financière sans précédent, la puissance financière des États-Unis est venue à l’aide du reste du monde.
Enfin les firmes multinationales américaines sont toujours les plus rentables.
Sur les 500 plus grandes entreprises mondiales, 136 d’entre elles ont leur siège aux États-Unis. Le classement des 20 premières entreprises mondiales en termes de capitalisation boursière prouve la suprématie de l’économie américaine à l’échelle mondiale.
Surtout, la puissance culturelle américaine reste inégalée et permet aux États-Unis d’exercer un attrait toujours plus grand sur les autres pays du monde.
La contre-attaque américaine : rester la première puissance mondiale
Malgré les différences de méthode entre les présidents qui se sont succédé à la tête des États-Unis depuis 2001, leur motivation semble être la même : assurer et conserver le rôle de leader à leur pays.
Dès le 20 septembre 2001, à la suite des attentats du World Trade Center, G. W. Bush, président de janvier 2001 à janvier 2009, constitue une large coalition chargée de mettre fin au régime taliban d’Afghanistan qui refusait de livrer Ben Laden, le leader d’Al-Qaïda .
La guerre d'Afghanistan débute le 7 octobre 2001 et dès décembre 2001, les talibans sont chassés du pouvoir, ce qui permet l’instauration d’un gouvernement provisoire. Mais les talibans engagent alors une guérilla intense contre les forces de l’OTAN à partir de 2006 et contre le gouvernement afghan de Hamid Karzaï, élu président en octobre 2004.
En 2012, 150 000 soldats étrangers sont présents en Afghanistan, dont 100 000 américains. Cette guerre est le plus long engagement de l’armée américaine depuis la guerre du Vietnam (1959-1975) et le plus coûteux en vies humaines et en argent.
Le 31 décembre 2014, les forces de l’OTAN se retirent d’Afghanistan après 13 ans de guerre et passe le relais à l’armée nationale afghane.
Aux États-Unis, une législation antiterroriste, le Patriot Act, est adoptée pour renforcer les pouvoirs des services du FBI, réinstaurer les tribunaux militaires d’exception pour juger les étrangers suspects, créer la prison de Guantanamo (Cuba) et autoriser les écoutes téléphoniques et la surveillance des communications internet. Ces écoutes sont effectuées par la NSA, Agence nationale de la sécurité, organisme gouvernemental du département de la Défense des États-Unis.
La guerre d'Irak en 2003. Au nom de la suspicion d’accumulation d’armes de destructions massives dans le pays laissé aux mains de Saddam Hussein après la guerre du Golfe, Washington prend la décision d’attaquer l’Irak. Le gouvernement américain fait pression pour obtenir le soutien de ses alliés et de l’ONU, mais doit essuyer un refus porté notamment par la France. Malgré ce refus onusien, Washington bascule dans l’unilatéralisme et envoie jusqu’à 170 000 soldats dans les années 2009-2010. Ils y réalisent des dépenses considérables aussi bien pour les opérations militaires que pour la reconstruction du pays avec un bilan humain lourd.
La victoire militaire rapide et le renversement du régime de S. Hussein ne permettent pas au pays de retrouver stabilité et prospérité. Le gouvernement irakien disparu, le pays s’enfonce progressivement dans la guerre civile, opposant Sunnites et Chiites, Arabes et Kurdes.
L’incapacité américaine à résoudre la crise irakienne contribue à l’effondrement de leur image dans le monde.
La diplomatie Obama, une rupture ?
La diplomatie du président Barack Obama, arrivé au pouvoir en janvier 2009, a d’abord semblé aux observateurs comme pragmatique car gérée au cas par cas. Les promesses de campagne de B. Obama (défense des droits de l’homme, annonce de la fermeture de Guantanamo, volonté affichée de pacifier le Moyen-Orient) lui ont valu le Prix Nobel de la paix en 2009.
Son approche est tournée vers le dialogue avec les ennemis de Washington et préconise de n’utiliser la force qu’en derniers recours. Lors de son discours d’investiture en janvier 2009, B. Obama réaffirme sa position : « Sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire, mais que nous vous tendrons la main si vous êtes prêts à desserrer votre étau ».
B. Obama a aussi souhaité diminuer les dépenses militaires des États-Unis tout en préservant la puissance hégémonique du pays. La stratégie suivie est celle de guerres secrètes, de la multiplication des éliminations ciblées par frappes de drones et des actions concertées avec les alliés. Cette décision, témoigne du pragmatisme et du réalisme du président Obama.
En fait la présidence Obama a défini une nouvelle forme de leadership pour prendre en compte deux nouvelles réalités : le fait que le pays soit mal-aimé dans certaine partie du monde et d’autre part qu’il doive surveiller l’ascension de nouveaux rivaux, telle que la Chine. En novembre 2011, lors d’un discours devant le parlement australien, B. Obama présente une initiative stratégique, désormais connue sous le nom de pivot asiatique, destinée à faire basculer le centre de gravité de la diplomatie américaine vers l’Asie-Pacifique, au détriment des Européens.. Ce concept tend à traduire l’intérêt primordial accordé à l’Asie par les États-Unis et ainsi de contrecarrer les visées expansionnistes de la Chine en Asie.
B. Obama a aussi entamé un dialogue avec l’Iran, opposé aux États-Unis depuis 35 ans, à l’occasion de négociations sur le nucléaire.
L’armée américaine est peu intervenue en Irak et en Syrie malgré les menaces qui font peser sur la région le groupe terroriste Daech et les forces militaires du régime de Bachar Al-Assad soutenues par la Russie de Vladimir Poutine.
La diplomatie mise en place par B. Obama n’est donc pas une rupture dans les buts à atteindre, il s’agit toujours de maintenir l’hégémonie des États-Unis. Seuls les moyens pour y parvenir diffèrent.

Conclusion
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017, ne devrait pas bouleverser les objectifs de la politique étrangère américaine. Il s’agit, encore et toujours de restaurer la puissance états-unienne. En effet, le nouveau président républicain a repris le slogan de R. Reagan « Make America great again ! ». Pour lui, ce retour de puissance passe par le retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP), la fermeture des frontières et le désengagement des alliances militaires conclues par les États-Unis durant le demi-siècle écoulé.

Woodrow Wilson - Détail d'une peinture de John Christen Johansen.