dimanche 1 décembre 2013

Parlez-vous français ? Leçon n° 2

 Article mis à jour en mai 2020  

Calvin par Bill Watterson (né en 1958).

Aujourd'hui : Une courte histoire de la langue française.


"Dans l'histoire, pas de débuts ni de fins. Ce sont les livres historiques qui commencent et finissent, non pas les évènements dont ils parlent." Robin George Collingwood (1889-1943) - Historien et philosophe.
Où situer la limite entre l'Antiquité et le Moyen Âge ? En 395, à la mort de l'empereur Théodose 1er; en 476 à la chute de l'Empire romain d'Occident ou en 565, à la mort de Justinien le Grand, empereur byzantin ? Ces époques restent liées.
Il en est de même pour une langue. Ainsi ce n'est pas le latin puis brusquement le moyen français, mais une langue qui évolue durant plus de 1 000 ans.

Nos ancêtres les Romains
" Ils sont fous, ces Romains ! " Obélix - "Français" moyen.
Qui a eu cette idée folle, un jour, d'envahir la Gaule ?
C'est ce sacré Jules César. Entre 58 et 50 av. J.-C.
A cette époque l'aristocratie romaine s'exprimait et écrivait en latin et en grec.
Le latin supplantera le grec sous le règne de l'empereur Constantin 1er (272-337).
Les soldats et les marchands romains parlaient le latin populaire.
Le latin (la langue-mère du français) est issu de la branche italique (ou romane) des langues indo-européennes.
Les Gaulois parlaient le gaulois qui fait partie du groupe celtique continental des langues indo-européennes.
Il aurait été couramment parlé durant une période allant environ de 300 av. J.C. à 200 ap. J.C. sur un territoire débordant largement les frontières actuelles de la France.
Le gaulois s'est écrit dans trois alphabets : l'étrusque, le grec et le latin. Mais il était interdit de noter par écrit l'enseignement des druides. Leur dessein était de favoriser l'exercice de la mémoire et d'empêcher la divulgation de la doctrine aux non-initiés. Nous ne saurons donc probablement jamais rien de la mythologie gauloise.

Le calendrier de Coligny (fragments découverts en France en 1897 et datés du 2e siècle).
Un texte de plus de 2 020 lignes. La plus longue inscription gauloise connues à ce jour et le seul témoin matériel que nous ayons de la science des druides.

Coligny-closeup.jpg 
  Détail 

En 1956 le linguiste Joseph Vendryes (1875-1960) présentait à l'Académie une communication sur une importante fabrique de poteries située en Lozère qui fonctionnait au 1er et au 2e siècle de notre ère. Des fouilles du 20e siècle ont mis au jour des poteries, des céramiques fines et décorées destinées au service à table avec inscriptions en langue gauloise.

La langue bretonne
Le groupe celtique insulaire (Grande Bretagne et Irlande) donnera naissance au breton, une langue qui sera parlée en Bretagne suite à une immigration continue à partir du 4ème s. ap. J.C. Obélix et son copain Astérix ne parlaient donc pas le breton.
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Le Manuscrit de Leyde (datant de la fin du 8e siècle, ou du début du 9e.)
Il s'agit d'un traité de médecine où se mêlent le latin et le breton
(une trentaine de mots techniques substitués aux mots latins correspondants).

La conquête de la Gaule

L'Empire romain. Source : Wikimedia

Lors de la conquête de la Gaule par les armées de Jules César, le Midi et la vallée du Rhône sont déjà depuis plus de cinquante ans sous influence romaine (voir carte ci-dessus).
Ce mélange des civilisations romaine et gauloise va donc se poursuivre et donner naissance à la civilisation gallo-romaine. Une colonisation réussie ? Une osmose heureuse de deux entités très proches l'une de l'autre.
Les élites gauloises furent les meilleurs agents de la romanisation. Et la Table claudienne, une plaque portant la transcription d'un discours prononcé en 48 ap. J.C. par l'empereur Claude (né à Lyon), rappelle que celui-ci était favorable à l'entrée de notables gaulois au Sénat romain. Par snobisme, les élites gauloises se mettent à parler le latin. Elles envoient leurs enfants étudier à Rome. Le processus de romanisation a d'abord conduit les Gaulois à écrire leur langue avec l'écriture latine avant de passer à l'usage exclusif du latin pour la rédaction de documents administratifs, d'inscriptions commerciales et de textes religieux. Peu écrite et de moins en moins parlée, la langue gauloise finit par être complètement oubliée vers la fin du 5e siècle...

Migrations germaniques
A la fin du 2e siècle, les avantages de la paix romaine commencent à se dégrader. Les désordres causés par des conflits militaires autour du pouvoir impérial affaiblissent la protection des frontières. Notamment celle du Rhin. Ainsi vers le milieu du 3e siècle, les Francs (nommés barbares parce qu'ils ne parlent pas latin) pénètrent en Gaule et se dirigent en direction du Centre et de la péninsule ibérique. Des traités d'alliance transforment les pillards en paysans ou en soldats de l'armée romaine. Une population minoritaire parlant le francique s'installe en Gaule et un nouveau mélange de cultures commence...

La christianisation
Commencée dans le sud à la fin du 1er siècle, elle s'étend à toute la Gaule quand Constantin 1er (272-337) fait du christianisme une religion d'état. Le latin est la langue de communication entre les prêtres et les fidèles et garde alors de l'influence auprès de la population illettrée.

Les invasions barbares des 4e et 5e siècles >>> Carte.

Expansion de l'Empire Franc de 481 à 814. (Source)

Charlemagne (742-814), (savait-il lire et écrire ?), décide de favoriser la diffusion des connaissances en développant l'usage de l'écrit et de la langue latine. Le latin médiéval devient une langue internationale. Vers 770 apparait et commence à se propager une nouvelle écriture, la minuscule caroline, qui permet de gagner en lisibilité.

Le concile de Tours de 813
Les évêques réunis par Charlemagne (742-814) décident que dans l'Empire, les sermons ne seront plus prononcés en latin mais en langue romane ou germanique afin d'être compris de tout le monde.

Les serments de Strasbourg (842)
Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère ainé, Clothaire 1er.
Tous les trois, petits-fils de Charlemagne.
L'ainé revendique le titre d'empereur d'Occident. Alors les cadets se liguent contre lui.
Voici un extrait du serment de Louis le Germanique :

Le texte est en langue neutre, en roman, encore proche du latin vulgaire :
Pro deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di in avant, in quant deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo, et in aiudha et in cadhuna cosa sicum om per dreit son fradra saluar dift.

Évolution (de la 2e partie) de la phrase selon le philologue Ferdinand Brunot (1860-1938) :
- Au 12e siècle =
... si salverai jo cest mien fredre Charlon, et en aiude et en chascune chose, si com on par dreit, en ço que il me altresi façet.
- Au 15e siècle =
... si sauverai je cest mien frere Charle, et par mon aide et en chascune chose, si comme on doit par droit son frere sauver, en ce qu'il me face autresi.
En français moderne (toute) la phrase devient :
Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien et pour notre salut commun, à partir de maintenant, en ce que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je soutiendrai mon frère Charles de mon aide et en toute chose, comme on doit justement soutenir son frère, à condition qu'il en fasse autant.
Charles le Chauve fait un serment équivalent, mais rédigé en langue germanique afin d'être compris par ses alliés de l'est de la Francie.
Les hostilités cessent en 843 avec le traité de Verdun.


La Cantilène de sainte Eulalie (vers 882)
Le plus vieux poème rédigé en langue romane (en fait en dialecte picard-wallon).
Cette cantilène raconte le martyre de sainte Eulalie de Mérida.

Rachi (1040-1105) - Rabbin. Il est l'un des premiers auteurs à écrire en langue française telle qu'elle était parlée dans la seconde moitié du 11ème siècle.

Vaudès, un riche marchand lyonnais, vendit vers 1170 tous ses biens et utilisa une partie de sa fortune pour financer la traduction des Évangiles en provençal.

Oppositions aux traductions de la Bible
Au début du 13e siècle le pape Innocent III (1160-1216) demande que l'on réprime ceux qui traduisent la Bible en langue vulgaire.
Le concile de Toulouse de 1229 interdit aux laïcs la possession des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament (même en latin) mais tolère qu'ils possèdent un psautier rédigé en latin.

La guerre de Cent Ans (1337-1453)
C'est une série de guerres entrecoupées de longues trêves qui a opposé la France à l'Angleterre. L'une de ses conséquences est la naissance du sentiment national accompagnée d'une rupture linguistique. Le français était alors la langue de la cour d'Angleterre. Si les Français ne peuvent pas obéir aux Anglais, c'est parce qu'ils ne comprennent pas leur langue. Lors de son procès, Jeanne d'Arc est questionnée à propos de la "voix" qu'elle dit entendre :
- " Cette voix est belle et douce et humble, et elle parle français. "
-   Elle ne parle donc pas anglais ?
- " Comment parlerait-elle anglais, puisqu'elle n'est pas du parti des Anglais ? "

Le moyen français
On appelle ainsi la langue romane qui est parlée à la fin du Moyen Âge par le peuple mais méprisée par les religieux et les savants, qui eux restent fidèles au latin.
François Villon (1431-1463 ?) - Le Testament (1461) - Extrait :
Bien sçay, se j'eusse estudïé
Ou temps de ma jeunesse folle
Et a bonnes meurs dedïé,
J'eusse maison et couche molle ...
Mais quoy ! je fuyoie l'escolle
Comme fait le mauvaiz enffant.
En escripvant ceste parolle,
A peu que le cueur ne me fent.

 
>>> Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500). Projet conçu par Robert Martin (né en 1936), linguiste et médiéviste.

Johannes Gutenberg (~1400-1468) et son imprimerie révolutionne la diffusion de l'écriture. Entre 1452 et 1455, 180 exemplaires de la Bible seront imprimés en latin et en caractères gothiques.
En 1471, Louis XI inaugure l'imprimerie de la Sorbonne. Une arme politique et un instrument pour l'éducation.

La Renaissance et l'Antiqua
La Renaissance qui se réfère au passé et s'inspire de l'art gréco-romain voit apparaitre une nouvelle police d'écriture, l'Antiqua (aux lignes arrondies et non plus brisées comme dans l'écriture gothique), qui deviendra l'écriture standard des langues qui, comme le français, se sont développées à partir du latin.

La langue de François Rabelais (1494-1553)
Néologismes, expressions et jeux de mots >>> Projet Voltaire.

L'ordonnance de Villers-Cotterêts (Rédigée par le chancelier Guillaume Poyet)
En 1539, François 1er (1494-1547) institue le français (langue d'oïl) comme langue administrative officielle du royaume :
Article 111. De prononcer et expedier tous actes en langaige françoys.
Et pour ce que telles choses sont souventesfoys advenues sur l'intelligence des motz latins contenuz es dictz arretz, nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage maternel francoys et non aultrement.
Conséquence : la langue d'oc et le breton deviennent des sous-langues. Les collèges de plus en plus nombreux n'enseignent que le latin (langue de l'Église) et le français (langue du roi).

Jean Calvin (1509-1564) - Théologien.
>>> Institution de la religion chrétienne. En 1541, Jean Calvin traduit en français son traité théologique, préalablement publié en latin.

Défense et illustration de la langue française (Texte écrit et publié en 1549)
Des poètes regroupés sous le nom de la Pléiade confient à Joachim Du Bellay le soin de rédiger un manifeste contenant leurs idées pour défendre et enrichir la langue et la littérature françaises.

Le traité de la grammaire française (1550)
Louis Meigret (~1510 ~1558)

L'Académie française (1635)
Fondée par le cardinal de Richelieu, sa mission est de fixer la langue française en en établissant les règles et en la rendant compréhensible par tous.

La Grammaire de Port-Royal (Première édition : 1660)
Ouvrage de Claude Lancelot (1615-1695) et Antoine Arnauld (1612-1694).
Une grammaire générale et raisonnée :
- générale = Exposer les vrais fondements de l'art de parler et expliquer les raisons de ce qui est commun à toutes les langues et des principales différences qui s'y rencontrent.
- raisonnée = Une linguistique cartésienne, une méthode fondée sur l'observation des langues existantes.

La Logique de Port-Royal (Première édition : 1662)
Ouvrage de Antoine Arnauld et Pierre Nicole qui comprend 4 parties : Idées - Jugement - Raisonnement - Méthode.

Dictionnaire de l'Académie française (1694)
Publication de la première édition et première tentative officielle pour donner une norme à l'orthographe.

Le salon philosophique de Mme Geoffrin (1699-1777).
Au fur et à mesure que l'on avance dans le siècle des Lumières, la conversation littéraire devient plus philosophique et politique.

Wikimedia
Lecture de la tragédie L'orphelin de la Chine de Voltaire dans le salon de Mme Geoffrin en 1755.
Reproduction partielle d'une huile sur toile par Anicet Charles Fabriel Lemonnier - 1812.
Cliquez sur l'image pour découvrir les noms des philosophes, savants et artistes.
Dans son salon, Mme Geoffrin, telle une souveraine, reçoit des hommes politiques, des intellectuels, des artistes et des diplomates pour un divertissement lettré, la recherche d'un bon mot, dans le respect du savoir vivre mondain. Quand les esprits s'échauffent, elle met fin au débat et change de conversation. La langue française est portée au plus haut degré d'excellence. L'élite étrangère, présente dans ces salons, en s'exprimant et en correspondant en français contribue à cette époque à faire de la langue de Molière la langue véhiculaire de l'Europe, quand seulement 15% des Français la parlent correctement.

Mgr Anne-François-Victor Le Tonnelier de Breteuil (1726-1794)
Il publie de nombreux livres liturgiques, rédigés en français et non plus en latin, en prise avec la vie quotidienne du peuple. En 1765, il dote le diocèse de Montauban d'un catéchisme commun à tous.

La Révolution française (1789-1799)
L'enseignement obligatoire :
Élu à la Convention en septembre 1792, Louis-Joseph Charlier se bat pour faire voter un texte qui rend l'enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire. Le texte est voté le 25 décembre 1793, mais il est supprimé l'année suivante par la Convention thermidorienne.

Pour les révolutionnaires, l'ennemi de l'unité de la nation est le patois :

- Rapport du Comité de salut public
Bertrand Barère de Vieuzac déclare le 27 janvier 1794 : " Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et la haine de la République parlent allemand; la contre-révolution parle italien et le fanatisme parle basque. "
Et l'Assemblée décrète que toutes les communes non francophones devront entretenir un instituteur de langue française.
- Le rapport de l'Abbé Grégoire
Le décret du 30 Vendémiaire de l'an II (17 novembre 1794) ordonne que l'instruction doit être faite en langue française dans tous les départements de la République.
Le patois est désormais la langue des ignorants, des superstitieux et des prêtres.

Commission du Dictionnaire (1805)
Elle a pour fonction de préparer le travail des Académiciens. Depuis l'an 2000, pour accélérer le travail, la Commission examine une partie du Dictionnaire pendant que les Académiciens en étudient une autre.

Lettre des préfets des Côtes du Nord et du Finistère à M. de Montalivet, ministre de l'Instruction publique (1831)
Il faut "par tous les moyens possibles, favoriser l'appauvrissement, la corruption du breton, jusqu'au point où, d'une commune à l'autre, on ne puisse pas s'entendre [...]. Car alors la nécessité de communication obligera le paysan d'apprendre le français. Il faut absolument détruire le langage breton."

Loi Guizot (1833)
François Guizot (1787-1874), alors ministre de l'Instruction publique dépose une loi afin d'organiser l'enseignement primaire :
- Article 9 : Toute commune est tenue (...) d'entretenir au moins une école primaire élémentaire.
- Article 11 : Tout département sera tenu d'entretenir une école normale primaire (...).

Loi Falloux (1850)
Cette loi complète la loi Guizot en rendant obligatoire la création d'une école de filles dans toute commune de plus de 800 habitants. (En 1867, Victor Duruy dépose une loi qui fixera le seuil à 500.)

Enquête de Victor Duruy (1864)
Victor Duruy (1811-1894), ministre de l'Instruction publique adresse aux préfets un questionnaire afin de mieux connaitre la situation de l'enseignement primaire. Extrait :
" Nombre des écoles où l’enseignement est donné en totalité en patois ? En partie seulement ?
  Combien d’enfants savent le parler sans pouvoir l’écrire ?
  Quelles sont les causes qui s’opposent à une prompte réforme de cet état de choses ?
  Quels sont les moyens à employer pour le faire cesser. Joindre au rapport un fragment du patois ou de l’idiome avec la traduction littérale. "
Les réponses font apparaître que :
- dans le Bas et le Haut Rhin, le nombre de communes dans lesquelles la langue française n'est pas encore parlée est à peu près identique à celui des communes dans lesquelles le français est d'usage général.
- si dans le Finistère, environ 8 habitants sur 10 ne parlent pas le français; dans les Côtes du Nord et le Morbihan, le français et le breton sont également parlés.
- c'est en Occitanie que l'on trouve le plus grand nombre de communes où l'on parle peu ou pas le français.

Traité de Francfort (1871)
Après la défaite française lors de la guerre franco-prussienne, le territoire de l'"Alsace-Lorraine" est cédé à l'Empire allemand.
Dans les Contes du Lundi, Alphonse Daudet témoigne d'une des conséquences de cette perte à travers La Dernière Classe (la nouvelle est ici lue par Fernandel) :
" - Mes enfants, c'est la dernière fois que je vous fait la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine. Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui, c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs. "
La défaite des troupes françaises amène certains responsables politiques à mettre en cause le rôle de l'école (les soldats qui ne parlaient pas le français ne comprenaient pas les ordres de leurs officiers) et à œuvrer pour un enseignement gratuit et obligatoire dans tout le pays.

Jules Ferry (1832-1893)
Plusieurs fois ministre de l'Instruction publique, il attache son nom aux lois scolaires.
- Arrêté du 6 janvier 1881 :
" Le français sera seul en usage dans l'école. "
- Arrêté du 28 juillet 1882 - Programme des écoles - Section des enfants de 5 à 6 ans :
" Exercices oraux - Questions très familières ayant pour objet d'apprendre aux enfants à s'exprimer nettement; corriger les défauts de prononciation ou d'accent local. "
- Extrait de la circulaire du 17 novembre 1883 adressée aux instituteurs qui par omission montre bien que dans les textes officiels la question de la langue est secondaire et l'usage du français évident :
" La loi du 28 mars (1882) se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d'une part, elle met en dehors du programme obligatoire l'enseignement de tout dogme particulier ; d'autre part, elle y place au premier rang l'enseignement moral et civique. L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'Église, l'instruction morale à l'école. "

Les langues régionales à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle
Officiellement l'école est là pour enseigner le français.
Officieusement, il y a débat sur le parler et l'usage du patois. Un système répressif ou tolérant ?
- Le signal (ou symbole - un objet, une pièce de monnaie par exemple) passait de main en main à titre punitif pour sanctionner l'enfant qui prononçait un mot de patois. Cette méthode (parfois critiquée par les instituteurs ou encouragée par les parents) a contribué à donner une image négative de l'école.
- Certains instituteurs faisaient comme si le patois n'existait pas; les élèves apprenaient alors le français par immersion. Et d'autres proches de leurs élèves par leurs origines culturelles pratiquaient un enseignement bilingue pour amener progressivement l'élève à découvrir le français.

Arrêté ministériel de Georges Leygues (1901)
Georges Leygues (1857-1933), alors ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, est le premier à proposer l'idée de tolérances orthographiques, notamment sur l'accord ou le non-accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir. Mais l'arrêté ne sera jamais appliqué... En 1976, le ministre de l'Éducation nationale, René Haby, annexe dans son arrêté une nouvelle liste des tolérances grammaticales et orthographiques. (Voir au bas de la page : Sources et ressources)

Ferdinand Brunot (1860-1938) - Linguiste et professeur d'histoire de la langue française.
- Grammaire historique de la langue française (1886).
- Histoire de la langue française des origines à 1900. Les premiers volumes sont publiés à partir de 1905.
- Entre 1905 et 1909, il rédige divers rapports appelant à la simplification de l'orthographe française.
- En 1911, Ferdinand Brunot crée, avec l'aide d'Émile Pathé (1860-1937) qui fournit des appareils d'enregistrement, les Archives de la parole. (Documents Gallica)

Discours
Cliquez sur le disque pour écouter le discours d'inauguration.
- La pensée et la langue (1922).
- Observations sur la grammaire de l'Académie française (1932) où il juge insuffisante la grammaire de l'Académie.

Conférence de la paix (Ouverture samedi 18 janvier 1919)
Jusqu'alors le français était la langue diplomatique en usage.
Mais l'organisation d'une conférence accueillant plus de 30 délégations remet en question les habitudes. Finalement la conférence se tient principalement en français ou en anglais. Le traité de Versailles est rédigé en français et en anglais.

Néologismes et néo-français
- Louis Ferdinand Céline (1894-1961) : Dictionnaire Céline.
- Raymond Queneau (1903-1976) : Dans ses écrits, il utilise deux formes de langue ; le français-langue morte et le néo-français. >>> Persée / A. Doppagne - 1972.

Loi Deixonne (1951)
Cette loi visait deux objectifs : défendre la langue française et protéger les langues régionales. Le système éducatif qui avait contribué à détruire les patois devient alors le moyen d'une reconquête des langues régionales et charge le Conseil supérieur de l'Éducation nationale (créé en 1946) de " rechercher les meilleurs moyens de favoriser l’étude des langues et des dialectes locaux dans les régions où ils sont en usage. "

Haut comité pour la défense et l'expansion de la langue française (1966)
Ce comité est créé par Charles de Gaulle. Il devient le Haut comité de la langue française en 1973, puis la Délégation générale à la langue française en 1989 qui est renommée en 2001, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France pour prendre en compte les langues régionales.

Loi Haby (1975)
" un enseignement des langues et des cultures régionales peut être dispensé tout au long de la scolarité. "
>>> Tolérances grammaticales ou orthographiques - Arrêté du 28 décembre 1976.

Circulaires Savary  (juin 1982 et décembre 1983)
Ces circulaires organisent les enseignements des langues et cultures régionales de la maternelle à l’université, autorisent les expérimentations, telles les ouvertures de classes bilingues et créent des postes de conseillers pédagogiques.

Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (1992)
Par cette charte les états membres du Conseil de l'Europe reconnaissent les langues régionales ou minoritaires en tant qu'expressions de la richesse culturelle.
En France, le processus de ratification qui débute en 1999 fait apparaitre la nécessité d'une révision de la Constitution.
En juin 2015, François Hollande annonce le dépôt d'un projet de loi constitutionnelle permettant la ratification de la charte. En octobre, le Sénat vote une motion de rejet...

Jack Lang (né en 1939) - Ministre de l'Éducation nationale d'avril 1992 à mars 1993 et de mars 2000 à mai 2002.
Communiqué du 7 janvier 1993 : " l'enseignement bilingue est une des voies les plus prometteuses pour le renouveau des langues en France. "

Loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française (Jacques Toubon est alors ministre de la Culture et de la Francophonie) - Article 1 :
Langue de la République en vertu de la Constitution, la langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France.
Elle est la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et des services publics.
Elle est le lien privilégié des États constituant la communauté de la francophonie.

Les écoles Diwan : En juillet 2002, le Conseil d'État suspend l'intégration (souhaitée par Jack Lang) des écoles Diwan dans le Service Public.

La transmission et l'apprentissage des langues régionales.
Une cinquantaine d'années après la loi Deixonne, la transmission d'une langue régionale par la famille est de moins en moins courante. Les parents d'élèves demandent donc à l'école d'assurer cette fonction, voire de rendre obligatoire son enseignement.
En 2002, environ 250 000 élèves de la maternelle à la terminale sont concernés par l'enseignement d'une langue régionale. Les langues régionales d'Alsace et la langue d'oc sont les plus enseignées suivies par le breton et le corse.
Paradoxalement, suite à la mobilité croissante des populations, le nombre de Français pratiquant une langue régionale ne cesse de diminuer.

Wiktionnaire (2004)
Ce dictionnaire francophone libre et gratuit crée le 22 mai 2004, soit plus de 3 ans après Wikipédia, est un projet collaboratif publié sous une licence permettant la modification et l'utilisation de ses contenus.

Le latin et les poissonniers
Depuis le 13 décembre 2014 le poissonnier est dans l'obligation d'afficher le nom scientifique des poissons, coquillages et crustacés.


 Sources et ressources : 

Sur ce blog :
Parlez-vous français ? Leçon n° 1, sur les origines du mot "Boche".
Parlez-vous français ? Leçon n° 3, le mot "Kakemphaton".
Parlez-vous français ? Leçon n° 4, le mot "Alexipharmaque".
Parlez-vous français ? Leçon n° 5, le mot "Sérendipité".
Parlez-vous français ? Leçon n° 6, le mot "Bobard".
Avec un Z comme... L'ordre analphabétique.
Le Petit Brigitte Abécédaire de mots ardus.

Ailleurs sur Internet :
ABC de la langue française : Histoire - Argot - Français familier et populaire.
Académie française : DIRE, NE PAS DIRE.
Ballade médiévale : L'évolution du pouvoir politique de Jules César à Philippe le Bel.
Canal Académie : Langue française
Charivari à l'école : Partage de ressource pour enseigner.
Qui est Charivari ?
Une informaticienne, reconvertie en 2007 pour devenir prof des écoles.


CIEP : Centre International d'Études Pédagogiques. Opérateur public de référence des ministères chargés de l'éducation et de l'enseignement supérieur, principal partenaire opérateur du ministère des affaires étrangères pour la langue française, il contribue à la réflexion dans le domaine de la coopération internationale en éducation.
CILF : Conseil international de la langue française. Il a pour tâche d'enrichir la langue française et de favoriser son rayonnement en gérant les ressources de la langue française et de la francophonie et en organisant la communication avec les autres langues.
Délégation générale à la langue française et aux langues de France.
Ductus = Sens d'écriture des lettres et des chiffres.
>>> Ductus - Formation de l'alphabet moderne / Jean Venard et Jean Mallon :

Écriture inclusive / Agence Mots-clés : Une écriture destinée à mettre sur un pied d'égalité les femmes et les hommes.
>>> Langage épicène / Wikipédia.
Formation de la langue française par Bernard Bouillon.
Français facile : Un site pour se perfectionner en français.
Histoire de la langue française par Jacques Leclerc.
>>> Contre une réforme de l'orthographe : En 1889, l'inspecteur général de l'Instruction publique Félix Hément s'indigne contre des réformes annoncées de l'orthographe.
>>> Orthographe recommandée - Les rectifications de l'orthographe française.
>>> Accord du participe avec l'auxiliaire avoir en Belgique / Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, Anciens professeurs de français - Libération, 2 septembre 2018.

Institut de la parole : L'Institut de la Parole, créé par Philippe Bilger, magistrat honoraire et consultant judiciaire, propose des formations dans tous les domaines de l'expression et pour tous, au profane comme au professionnel de la parole publique.
La fabrique d'une nation - La France entre Rome et les Germains par Claude Nicolet.
La langue arabe a irrigué le français à partir du Moyen Âge.
Le lexicographe Roland Laffitte estime qu’environ 400 à 800 mots couramment utilisés en français portent la marque de la langue arabe.
Interview réalisée par Anne Fauquembergue - France Culture (Décembre 2017) :

Comment ces mots sont-ils arrivés dans notre langue ?

Certains mots sont directement entrés dans la langue française, comme casbah, qui nous arrive d’Alger. Mais pour la plupart des mots, l’arabe a été l'intermédiaire d’autres langues, c'est-à-dire les langues sémitiques de la région du Moyen-Orient comme l’akkadien, l’araméen, le syriaque, le sudarabique, et l'hébreu… Et puis des langues comme le perse ou le sanskrit. Le mot sucre, par exemple, nous vient du sanskrit et il a voyagé par la langue arabe jusqu’à nous. Il y a des mots qui viennent ainsi également du chinois comme satin et puis beaucoup qui nous viennent de langues anciennes qu’on ne connaît pas. On ne peut pas déterminer l’origine de toutes les langues et notamment certaines "petites" langues qui ont disparu au moment où se sont créés de grands ensembles qui ont adopté des langues officielles.
Notez que ces termes ont effectué un voyage direct depuis l’arabe : c’est le cas de casbah. Mais d’autres, plus nombreux encore, ont effectué un périple compliqué. Ils ont dû marquer une ou plusieurs étapes, dont la dernière a pu être, selon les cas, le latin médiéval : c’est ce qui s’est passé pour azur, l’espagnol pour algarade, l’italien pour coton, le portugais pour mousson, le catalan pour aubergine, l’occitan pour madrague, le turc pour café, parfois même l’anglais, ainsi pour chèque, et, de façon plus inattendue encore, l’allemand pour benzine ou le russe pour mazout.

Vous avez parlé du latin médiéval. Quel a été le rôle du Moyen Âge dans ce voyage des mots arabes vers le français ?

C'est à cette période que sont arrivés une bonne partie des mots arabes dans notre langue encore utilisés aujourd'hui. Les milliers de traductions réalisées au Moyen Âge, surtout aux XIIe et XIIIe siècle, ont apporté quantité de mots. Ces mots sont passés directement dans le latin des clercs et à partir de là ils ont inondé les langues européennes. Que ce soit pour les mathématiques, avec les mots algèbre, chiffre, zéro, des termes astronomiques comme azimut, des termes médicaux ou alchimiques comme alcali, concernant la faune et la flore... et puis bien d’autres disciplines encore.
D’autres mots ont été captés au moment des croisades, là-bas en Orient, à travers les Etats francs. C’est le cas d’assassin, qui est un mot assez connu finalement. D’autres aussi ont été pris au Maghreb, comme bougie, qui est le nom de la ville où était fabriquée ce type de chandelle de suif, aujourd’hui Béjaïa.

Certains mots sont aussi arrivés dans notre langue par la voie orale, notamment à partir de la Renaissance...

Oui, et il est intéressant de regarder par quelles voies tous ces mots sont passés. Cela peut-être la voie écrite, comme on vient de le voir avec le latin scientifique. Mais avec les Temps modernes, c’est-à-dire des Grandes découvertes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, vous avez tout un tas de gens, des commerçants, des navigateurs, des aventuriers, des diplomates qui ont traversé les empires ottoman, perse ou moghol, qui sont allés en Afrique et qui ont ramené de nombreux mots, qu’on a appelé à l’époque les mots "de relation” ou les mots de “voyage”.
Des noms d'animaux sont arrivés comme girafe, des arbres comme baobab, des institutions, comme nabab. Ou encore le mot lascar, qui désignait au départ un "matelot indien" dans les mers des Indes Orientales, pour signifier ensuite "un individu hardi, rusé et habile à se tirer d'affaires", et qui diffère de celui qui nous est venu plus tard d’Algérie au sens de "soldat", puis "d'homme courageux".

Les derniers apports datent-ils de la période coloniale ?

Non, pas seulement, bien que l’époque coloniale - qui démarre avec l’expédition de Bonaparte en Egypte et se termine avec l’indépendance de l’Algérie en 1962 - soit très riche en apports. Pendant cette période, les mots ont voyagé par plusieurs chemins. Quelques-uns, parmi les termes utilisés par l’administration, nous sont restés : c’est le cas de zouave. D’autres, les "petits mots de commandement" à l’adresse des autochtone, comme bésef pour dire "beaucoup", fissa, "vite" ou balek, "attention", ont été conservés dans le français populaire et familier. Une bonne quantité est spécifique aux troupes coloniales, comme barda ou bled. Notons à ce propos qu’il était alors de coutume de marquer son univers familier par des mots arabes dans un but identitaire et ludique, pour "faire bien" vis-à-vis des civils qui n’étaient jamais allés en Algérie. D’autres mots encore, utilisés par les colons, ont disparu ou alors ont été ramenés en France quand ils ont été "rapatriés", comme chicaya ou merguez.

La sédentarisation de l’immigration maghrébine a également dû jouer un grand rôle dans le voyage des mots arabes…

Effectivement, si certains termes utilisés à l’époque coloniale ont été revivifiés par l’installation de l’immigration maghrébine en France à partir des années 1960, comme maboul ou meskine, ils sont sortis des quartiers et des cités avec la scolarisation des enfants à partir de la fin des années 1970, et se sont communiqués, par les cours d’école puis par le rap, dans ce que l’on peut appeler la "langue des jeunes".

Pensez à beur, dawa pour dire "désordre" ou seum pour "rage". Certains ont même passé la rampe pour se répandre dans la presse et le monde politique comme kif et kiffer. Outre cela, l’arabe nous a légué de nombreux termes culinaires, de mets comme chorba ou de pâtisseries comme halva.

Et les mots de la religion ?

Oui, du fait que nous comptons de nos jours plusieurs millions de musulmans dans notre pays, qu’ils soient musulmans pratiquants ou de tradition familiale ou de culture, il est logique que le vocabulaire de l’islam pénètre la société française. Nous connaissions depuis longtemps le mot ramadan mais sont désormais courants les mots halal ou hidjab. D’un autre côté, l’actualité draine de nombreux mots depuis ayatollah jusqu’à djihad, et cela pour le meilleur et pour le pire. Les mots de la religion islamique sont en effet parfois retournés contre elle dans une attitude intolérante : pensez à fatwa, employé pour dire « décision arbitraire » et même « appel au meurtre ».

Quelle est l’importance des mots venus de l’arabe dans la langue française ?

C’est une évaluation très difficile car elle ne peut être que relative au registre de la langue. Si l’on prend pour base les dictionnaires du français courant comme le Petit Larousse ou le Petit Robert qui donnent 40 à 50.000 articles, nous avons moins de 500 mots qui, directement ou indirectement viennent de l’arabe. Mais cela ne tient pas compte des mots dérivés, ce qui ajoute peut-être 200 mots courants. La statistique exacte est à faire. Mais cela ne traduit de toute façon pas l’imprégnation de la langue française par la langue arabe, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, ces dictionnaires ne donnent que les noms communs. Ils ne tiennent pas compte des prénoms et des noms de famille qui peuplent notre quotidien et qui sont portés par des millions de nos concitoyens et de résidents en France. Imaginez que l’an passé, Mohamed est entré dans les 20 premiers prénoms inscrits à l’état civil !
Il y a ensuite les lexiques spécialisés dont on parle peu. Dans les catalogues astronomiques, on peut dénombrer, outre Aldébaran, Bételgeuse ou Véga, plus de 500 étoiles portant des noms forgés par l’arabe et connus par les astronomes amateurs. Cela fait beaucoup. La statistique est à faire pour les termes savants de la chimie, où par exemple les dérivés d’alcool ou benzène sont innombrables, mais aussi pour la faune et la flore.
Et puis il y a des mots arabes clandestins, dont le nombre est extrêmement difficile à évaluer. Par exemple l’épithète "romaine" qui est accolé à une balance. On a l’impression que la balance romaine nous vient des Romains. En fait pas du tout. Le mot romaine vient de l’arabe rumāna qui veut dire "grenade". Pourquoi ? Parce que cette balance possède sur un bras un dispositif d’équilibre qui ressemblait à une grenade.
Les mots de ce type, traduits d’une autre langue et que l’on appelle calques, sont difficiles à déceler car il faut les suivre à la trace dans l’histoire. Si l’on sait en général que les termes du jeu d’échecs, à commencer par ce mot lui-même, vient de l’arabe, on n’imagine mal le nombre de calques existant dans les autres jeux de table, qu’il s’agisse des jeux de dames ou des jeux de cartes. Je viens à ce propos de découvrir un calque que je ne soupçonnais pas, c’est le mot eau de vie. Il est né dans l’alchimie arabe pour ce que l’on pourrait traduire par " élixir de longue vie", dont mā’ al-hayāt puis māhya, "eau de vie", sont respectivement une forme dérivée puis une forme elliptique. Passé au XIIIe siècle par les médecins familiers des textes arabes sous la forme aqua vitae, le mot a été traduit en français sous forme d’"eau de vie", tandis qu’il était adapté en gaélique puis en anglais sous la forme whisky, et en russe et polonais sous celle de vodka.

 

La langue - la dictée : Un rituel français / Bernard Pivot / Prosper Mérimée. (Arte - Karambolage Disponible > 13/01/2022).
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Olivier Schopfer a été chroniqueur sur Radio Cité à Genève où il expliquait l'origine étymologique et historique des expressions françaises.
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Origine et formation de la langue française - Albin d'Abel de Chevallet (1812-1858)
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Trésor de la Langue française : Le centre de recherche pour un Trésor de la Langue Française, TLF, est fondé en 1960 par Paul Imbs (1908-1987).
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Un sondage réalisé par Babbel en 2015 révèle que le français est la langue de l'amour.

Un dessin vaut mieux qu'un long discours - Wingz.


" En relisant ta lettre je m'aperçois que l'orthographe et toi, ça fait deux..."


Nous sommes 180 millions de francophones (au début des années 70)...

... 300 millions de personnes sont capables de s'exprimer en français, selon un rapport de l'Organisation Internationale de la Francophonie publié en 2018.

" On va aujourd’hui accuser l’anglais de tuer des langues et c’est incontestable, mais il faut se souvenir que le latin, qui est une langue morte a tué beaucoup plus de langues que l’anglais. Le Français a tué des langues, l’Italien aussi. Il faut se tenir sur la ligne de crête : il est triste de voir des langues disparaître et il est heureux de voir se créer des cultures nouvelles. Ceux qui louent en permanence le passé risquent toujours de perdre de vue ce qui émerge de nouveau devant leurs yeux. Et nous revenons à la question de la pureté, la pureté absolue de la langue française : elle n’existe pas, elle n’a jamais existé et n’existera jamais. Les langues changent, voilà, on ne peut pas poser la question en termes de pureté. Comme la pureté supposée d’une culture n’existe pas, n’a jamais existé et n’existera jamais. "
Maurizio Bettini (né en 1947) - Philologue et anthropologue - Interview Libération, septembre 2017, à l'occasion de la sortie de son livre Contre les racines.