D’après Myst,
l’œuvre des frères Rand et Robyn Miller.
Les Nouveaux Mondes (1/3)
Une
chute de plus de trois mètres, heureusement sans gravité, le sol étant très
meuble. Mes belles chaussures sont pleines de boue ! La base des parois de
la faille forme de grandes marches. Je parviens à remonter sur l’une d’elle et
à rejoindre la moitié du pont qui maintenant pend contre la roche. Les planches
du pont font comme les barreaux d’une échelle. Je grimpe et je suis enfin sur
l’autre bord, à l’entrée d’une pièce peu éclairée.
J’entre.
A ma gauche, un plan de travail creusé à la façon d’un évier et un accès vers
une autre pièce. Face à moi, un étrange appareil surmonté d’une coupole. A sa
base il y a comme un gros joypad : quatre grandes touches sur lesquelles
sont gravés des symboles et en leur centre un grand bouton bleu qui brille comme
une pierre précieuse. J’appuie dessus : il ne se passe rien ! On
entend juste le cliquetis d’un mécanisme caché. En appuyant sur les touches,
les symboles changent…
A
ma droite, une table et des étagères taillées dans la roche. Plusieurs livres
et les dessins d’une éolienne, différente de celle que j’ai vu en surface
et d’une machine pour capter l’énergie d’un volcan. Et c’est alors que
j’aperçois, gravés sur le mur, des symboles ressemblant à ceux des touches du
joypad : voilà le code ! Je retourne à la machine pour reproduire les
mêmes dessins et j’appuie de nouveau sur le bouton bleu : toujours
rien ! Je quitte cette pièce qui devait servir de bureau et je pénètre
dans la pièce contiguë : c’est la cuisine ! Elle est éclairée par une
ouverture qui donne sur la faille. Il y a une grande table, également taillée
dans la pierre et des ustensiles, une jarre qui devait servir à conserver de
l’eau, un foyer avec sa réserve de bois et un moulin à grains avec sur le
devant un grand levier. En le poussant je remarque qu’il déverrouille une pince
qui serrait l’axe vertical du moulin. Comme l’axe traverse le plafond, je me
dis qu’il rejoint peut-être l’éolienne en surface. Je décide d’y retourner.
Voulant sortir par la porte de la cuisine, je me rends compte que celle-ci est
bloquée. Je ressors par le bureau, redescends au fond de la faille et remonte
en face à l’aide de l’autre moitié du pont que j’utilise de nouveau comme une
échelle…
Je
pousse vigoureusement sur le bras et cette fois-ci l’éolienne se met à tourner.
Je retourne vite dans la faille, heureux comme Robinson Crusoé quand il eût
fini la construction de son canot…
Je
teste prudemment un autre pont suspendu. Celui-ci tient le coup ! Je me
retrouve sur un palier qui conduit à l’extrémité de la faille. De là, je peux
mieux observer le monte-charges et je vois à la base de l’arbre une porte avec
dessus la main gravée. Elle est fermée ! Mais je remonte au bureau,
curieux de connaître les effets de la mise en rotation de l’éolienne…
Maintenant
un voyant vert est allumé près de l’évier. L’éolienne doit donc faire tourner
un générateur et alimenter les équipements installés dans les troglodytes.
J’appuie sur le voyant, un écran se met à clignoter puis disparaît. S’agit-il
en fait d’un rétro-projecteur ? Encouragé, j’essaie le bouton bleu du
joypad. Il se produit d’abord un éclat lumineux, puis la coupole se met à
clignoter et aussitôt se forme un hologramme. C’est une jeune femme !
Surpris, je fais un pas en arrière et je me rends compte qu’inconsciemment j’ai
porté mon bras droit à hauteur de poitrine comme pour me protéger. Elle a le
visage tatoué et ses cheveux roux sont coiffés à la mode iroquoise. Elle est
vêtue d’un tee-shirt à manches longues avec sur la poitrine le dessin argenté
d’un oiseau. Elle porte un pantalon et des bottes. Autour de son cou, un
foulard bleu attaché avec un médaillon. Sa taille fine est entourée d’une large
ceinture et d’un voile. Tout en parlant, elle va et vient à l’intérieur du
bureau. De l’entrée, elle semble indiquer le ciel. Puis avec un doigt elle suit
les lignes des symboles gravés sur le mur. Elle est maintenant au fond de la
salle et me fait découvrir un autre canevas. Elle revient vers le projecteur
holographique et disparaît…
Il
me faut quelques instants pour rompre le charme de cette belle et lumineuse
apparition et réaliser que je n’ai rien compris à son long monologue. Je dois
relancer plusieurs fois la projection pour enfin en comprendre
l’essentiel : Il existe une cité souterraine, abandonnée il y a longtemps
par ses habitants à cause du manque d’eau ou suite à des guerres. Mais l’eau
coule à nouveau et la cité peut ou doit revivre. Je dois suivre le chemin
balisé par les canevas. Il y en a sept. La jeune femme donne son nom mais je ne
le comprends pas et parle aussi de ses parents. Je serais donc là pour
contribuer à redonner vie à une ancienne civilisation…
Je
vais toucher le canevas et cette fois-ci, c’est le pouce et toute la partie
centrale de la main qui s’illuminent. Ces canevas ont-ils toujours été là et
s’agit-il alors d’un système de contrôle enregistreur qu’un gardien de nuit
devait activer pour prouver son passage ? Est-ce comme un chemin de croix
où un arrêt à chaque symbole permet de méditer ou de prier ? Ou ont-ils
été placés plus récemment à l’attention de nouveaux explorateurs ?
De
mémoire je refais le parcours depuis mon arrivée dans le désert. Le premier
canevas était sur la pancarte à l’entrée du terrain. Ensuite, un deuxième sur
la caravane. Celui du bureau est le troisième. Il m’en reste donc quatre à découvrir.
Plus que jamais circonspect, mais aussi de plus en plus intrigué, je décide de
poursuivre ma visite des lieux…
Je
teste la fermeture de la porte du bureau : ça fonctionne ! J’observe
de près la porte et son encadrement, mais rien du mécanisme de manœuvre n’est
visible. Ce mélange de rusticité et d’ingéniosité est étonnant. Je sors en
passant par la cuisine. Le moulin à grains est en rotation, mais la meule n’a
plus rien à moudre. J’ouvre la porte. Je m’arrête un instant et le nez en l’air
je constate que le temps est au beau fixe. La chaleur commence à descendre dans
la faille. J’ai en face de moi encore trois pièces à visiter…
Je
commence par celle qui est à côté du monte-charges. Et comme je vois près de
celui-ci une grande pédale en bois, je pose le pied dessus, ce qui déclenche la
descente de la nacelle qui finit par toucher en douceur le fond de la faille.
La pièce est étroite. Le temps de m’habituer à l’obscurité et je découvre un
grand vase en terre cuite, une vasque posée au sol et des pots rangés sur des
étagères. Déçu de ne rien trouver d’extraordinaire, je repars visiter les deux
dernières pièces…
L’une
d’elles est une chambre pour une personne. Collé sur l’une des parois il y a un
canevas. Et de quatre. En le touchant, c’est le pouce , la paume et l’index qui
s’illuminent. Trois doigts qui ne se sont pas éclairés, donc encore trois
canevas à retrouver ! Je progresse, mais vers quoi ? En sortant
j’aperçois la porte fermée du bureau et dessus un autre canevas. Voilà le
cinquième ! Mais je me rends d’abord dans l’autre pièce. C’est également
une chambre, le lit est plus large. Il y a dessus une lettre. Elle est adressée
à Yeesha. Yeesha, c’est le nom de la jeune femme que je ne comprenais
pas ! La lettre est de son père Atrus. Il est question d’un rêve fait par
la mère de Yeesha. Grâce à cette lettre je sais aussi que le nom de l’ancien
monde est D’ni…
Je
suis repassé sur l’autre rive et je suis devant la porte du bureau sur laquelle
est fixé le canevas. Comme je le pensais, un doigt de plus s’éclaire…
Je
retourne à la porte qui est au pied de l’arbre. J’en suis à quelques mètres
quand je vois un autre canevas, le sixième, fixé sur la nacelle du
monte-charges. Je ne suis pas surpris de voir qu’en dehors de l’auriculaire
toute la main s’illumine. Par contre je constate que la porte de l’arbre ne
s’ouvre toujours pas. Mon parcours, initiatique (?) n’est donc pas terminé, il
me manque bien un septième canevas… Je devrais peut-être explorer les alentours
de la faille…
En
arrivant en haut de l’échelle, je reçois le soleil en plein dans les yeux et
manque de trébucher. L’air est brûlant. Des nuages se forment à l’horizon.
Va-t-il y avoir un orage ? Je me retourne pour regarder la montagne. Sous
cet angle il paraît évident que c’est un ancien volcan. Je repense au dessin
observé dans le bureau (le capteur coiffant le volcan) et je décide d’aller
voir la montagne de plus près. En m’approchant je constate que l’on a planté
des poteaux et tendu là aussi des fils de fer barbelé pour en interdire
l’accès. Comme je suis à mi-pente je peux voir l’autre partie du terrain où
j’aperçois des débris métalliques et des ossements qui vu leur taille,
pourraient être ceux d’un dinosaure…
En
arrivant près des morceaux de métal je trouve une feuille de papier que je
ramasse et je pense alors à celle que j’ai trouvée au campement. Je la ressors
de ma poche, elle porte un motif représentant un soleil et une lune à
l’intérieur d’un cercle. Sur celle que je viens de ramasser, ce sont deux
oiseaux en vol. La forme des débris me laisse perplexe. Etait-ce un engin
volant, un silo ou un four solaire ? Y a-t-il un rapport avec l’ancien
volcan ? Je marche vers les ossements : en fait, c’était peut-être un
gros animal marin. J’en fais le tour et là, surprise ! Il y a le septième
canevas. Quand je le touche, la main s’illumine entièrement. La boucle est
bouclée ! Sans plus attendre, je repars en courant au fond de la faille…
Je
crois n’avoir jamais couru aussi vite de ma vie. J’y suis, je passe devant la
cuisine, je vois que la meule tourne toujours et j’ai un court instant la
vision d’un femme occupée à la préparation du repas. Je suis au pied de l’arbre
et je pose ma main sur la porte. Génial ! Elle s’ouvre en s’enfonçant dans
le sol. A l’aide d’une échelle je descends au fond d’une cavité. Quand je
touche le sol, j’attends un peu pour m’habituer à l’obscurité. Je vois
maintenant des dessins gravés sur les parois. Un court passage débouche dans
une chapelle éclairée par une lanterne suspendue au plafond. Pas de vitrail
mais des images phosphorescentes :
-
Un chasseur ou un guerrier
-
Une spirale
-
Un symbole
-
Un paysage montagneux
-
Un volcan
Quel dieu venait-on prier en ce lieu ?
J’avance
jusqu’à l’autel sur lequel est posée une feuille.
Cette
fois-ci le motif représente la grosse borne qui est au sommet de la montagne où
j’ai été déposé au début de mon aventure…