D’après Myst,
l’œuvre des frères Rand et Robyn Miller.
Les Nouveaux Mondes (1/3)
Les Nouveaux Mondes (2/3)
A
mon réveil, je suis de retour dans la cabane en terre.
Mon
premier réflexe est de vérifier que j’ai toujours mon passeport sur moi. Oui.
Je le prends et je l’ouvre content de manipuler un objet personnel. Je suis
étonné de voir qu’il porte trois nouveaux tampons, identiques aux symboles des
feuilles trouvées dans le désert et la faille. Je sors pour me dégourdir les
jambes et l’esprit. Quelque chose a changé : il y a maintenant quatre
bornes mais de taille plus petite et comme l’ancienne borne, elles contiennent
chacune un livre. Je fais une courte promenade autour de la cabane. Toujours
personne et rien à l’horizon ! Je vais sur la plate-forme. Elle est
joliment décorée avec des encoches, j’en compte douze, distribuées en arc de
cercle et au centre le dessin de la lune et du soleil.
Oooohé !
Oooohé ! Je n’ai pas pu m’empêcher de crier. Mais seuls les cris des
corbeaux me répondent ! Comme je commence à frissonner je décide de
retourner à la cabane…
J’ouvre
le livre qui est dans les rayons…
Je
suis dedans et dehors à la fois. A l’intérieur d’une vaste grotte et à
l’extérieur d’une cité souterraine. Toujours seul ! C’est comme si un
autocar m’avait déposé au milieu de la nuit sur la place centrale d’un village
montagnard. L’eau d’une fontaine coule bruyamment dans un bassin circulaire
étouffant en partie le bourdonnement d’une lointaine machine. Il y a des
lumières partout. De larges escaliers conduisent vers l’intérieur de la cité.
L’architecture des appartements accrochés à la roche avec leurs balcons, leurs
galeries et leurs bow-windows, me fait penser aux havelis, les maisons des
riches marchands de Jaisalmer, cité d’or du Rajasthan. Mais ici les
moucharabiehs en pierre ciselée ont été remplacés par des vitraux et les appuis
des fenêtres sont décorés avec de grosses cucurbitacées oranges. La large ouverture de la grotte offre une
vue sur le lointain. La terrasse est équipée d’une longue-vue et je ne résiste
pas à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil. Le panorama est en rouge et
noir. Rougeoyante est la mer calme ou la brume qui la recouvre et qui s’étend à
mes pieds ; et encre de Chine sont l’horizon et le ciel. Un ciel sans
étoile ! En regardant de plus près à l’aide de la lunette, je vois des
pitons rocheux qui émergent comme ceux de la chaîne karstique de la baie de Ha
Long et je ne serais pas très étonné de voir glisser en silence des sampans
rentrant de la pêche ou faisant du cabotage afin de transporter passagers, courrier
et marchandises. J’aperçois aussi, comme suspendus dans les airs, des points
lumineux, bleus, jaunes et là un feu rouge clignotant…
Je retourne sur la place et je me rends compte maintenant
qu’ici l’air est frais et humide. Je me rapproche d’un écran lumineux. L’image
est fixe, en couleurs et représente un chemin enneigé bordé de rochers,
d’arbres et de fougères, un banc au premier plan et des lampadaires. Est-ce un
cadre photo numérique ou une fenêtre ouverte sur un autre monde ? Sans
trouver de réponse, je marche vers un paperboard placé sur un chevalet :
le ou la DRC me souhaite la bienvenue et m’invite à me rendre dans une salle de
classe pour avoir plus d’informations. Une flèche m’indique l’escalier à
emprunter. Ville, hôtel, entreprise, usine, ou tout cela à la fois, je vais
peut-être enfin savoir où je suis et pourquoi je suis ici. J’allais monter
quand je remarque à ma gauche un deuxième écran lumineux. On peut y lire les
noms des visiteurs : je suis bien inscrit mais je vérifie aussi que je
suis tout seul en ce moment. Je pars à la recherche de la salle de classe. Un
pont, avec de jolies balustrades métalliques de style très sobre (pré-Art
Déco), enjambe une rivière souterraine. Au milieu de la balustrade de gauche,
deux spots éclairent trois interrupteurs, bleu, vert, rouge… qui allument en
contrebas des lampes bleues, vertes et rouges. Au bout du pont, une place, plus
petite que la première avec en son centre un énorme globe. La hauteur de son
pied est telle que le globe est à plus de trois mètres du sol ! Ce n’est
pas celui de la Terre : ce qui pourrait être l’équateur est en fait un
bandeau portant de nombreux symboles semblables à ceux du livre des maximes de
la cabane. Le méridien qui supporte le globe est équipé d’une loupe qui permet
de voir distinctement l’un des symboles.
La porte d’entrée de la salle de classe est sur ma gauche.
J’entre sans frapper, je fais quelques pas dans un couloir et je découvre la
salle. Personne ! Je vais directement au bureau sur lequel j’aperçois
plusieurs documents. J’ouvre un registre portant le logo « DRC » et
avec comme titre « Ki / Nexus » : on peut y lire une note sur la
sécurité car certaines zones de la cité D’ni (c’est le nom qui était dans la
lettre adressée à Yeesha) seraient en partie détruites. Et c’est vrai qu’en
venant ici j’ai remarqué de larges fissures dans le sol ! Y a-t-il eu un
tremblement de terre ? Le registre donne ensuite le mode d’emploi du
KI : un assistant numérique qui permet de prendre des notes et des photos,
de chatter et qui a une fonction GPS. Il parle aussi du Nexus (premier
navigateur Web ?) qui, si je comprends bien est un distributeur de livres.
Je repose le registre. Sur le bureau il y a également une feuille à moitié
déchirée avec un texte dont les caractères ressemblent à une écriture indienne,
la dévanagari et une plaquette expliquant le découpage du temps de la société
D’ni : si la durée de l’année D’ni est équivalente à la notre, elle est
par contre divisée en 10 mois de 29 jours ! La journée est divisée en 25
parties, l’heure D’ni représente donc environ 1heure et 13 minutes terriennes.
L’heure ensuite est partagée en 5, soit une division de 15 minutes, elle-même
partagée en 25, soit une nouvelle division de 35 secondes environ encore
partagée en 25, donc une dernière division d’une seconde et demie environ.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
Sur le mur du fond il y a plusieurs affiches pour nous
souhaiter la bienvenue et pour nous indiquer où et comment retirer un KI. Voilà
une bonne information !
La salle où je dois me rendre est face à la porte de la
salle de classe. Je retraverse donc la petite place où est situé le globe et je
remarque alors que le symbole grossi par la loupe s’est déplacé. Ce globe
serait-il une horloge et les symboles des chiffres ?
A l’intérieur de la salle il y a cinq lutrins avec un
livre posé dessus. Celui que je dois consulter, qui est le livre de Gahreesen,
est le premier à ma gauche…
Je suis arrivé dans une petite cour fermée par de hauts
murs.
En levant la tête j’aperçois le ciel avec quelques
nuages : il fait jour !
Est-ce parce que je suis dans un secteur administratif,
mais je trouve l’ambiance beaucoup plus austère qu’aux environs de la place
principale. Ici les murs de béton sont habillés de marbre gris foncé. Un nouveau
paperboard sur son chevalet m’indique le couloir à emprunter. Mais on ne peut
pas se tromper car les autres accès sont fermés. Mes pas résonnent dans le
couloir et j’entends de nouveau le sourd bourdonnement d’une machine. Après
avoir traversé un autre passage, où je remarque des armoires métalliques et
dans l’une d’elles de vieux livres et une plaque en pierre recouverte par un
canevas ressemblant un peu à ceux de la faille, je me retrouve dans une
antichambre où je découvre le distributeur de KI. On dirait une chaudière
siégeant sur un trône de béton. Je prends possession de mon KI et voulant le
tester j’essaie de me souvenir du mode d’emploi que j’ai lu dans le registre
DRC de la salle de classe. Je parviens à utiliser certaines fonctions : bloc-notes
et appareil photo, mais je crois que pour en faire un bon usage je vais avoir
besoin de nouvelles explications. Le seul mobilier est un pupitre sur lequel
repose un livre…
Je me retrouve dans une salle circulaire, au centre d’une
couronne dentée qui entraîne trois pignons équidistants et qui mesurent bien un
mètre de diamètre. En réalité deux seulement sont en rotation. Près du troisième, qui est donc à
l’arrêt, se trouvent un boîtier de
commande et un écran éteint. En appuyant sur le bouton de commande l’écran
s’allume. Le menu affiché propose de se rendre vers différentes destinations
(suis-je devant le Nexus ?) : « Ferry Terminal » me paraît
prometteuse d’évasion, je la choisis. Alors le pignon se met à tourner puis
s’immobilise après quelques tours et un bras, un peu à la façon d’un juke-box,
éjecte un livre…
Si
vous aimez ce genre d’ambiance onirique et mystérieuse inscrivez-vous, en
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